Internet, les concerts, et l’éthique du public selon Manu Chao

de
Cédric LedauphinMalgré la sortie le 3 septembre
prochain de La Radiolina, Manu Chao ne croit plus vraiment au disque.
C’est donc l’occasion pour lui d’engager un nouveau rapport à Internet
et d’esquisser un avenir pour le business de la musique. Un avenir où
les artistes se défendront avant tout sur les planches et où le public
ferait preuve d’une certaine éthique vis à vis des émergents.On parle beaucoup de la réaction des majors face au
piratage, mais pas assez de celle de leurs artistes, qui, après tout,
sont tout autant concernés. Et si le consensus est de mise pour ces
premières, les réactions divergent quant aux seconds.
On retrouve deux types de discours. Le premier, assez
récurrent, va dans le même sens que l’industrie et condamne sans
concession la pratique, allant même jusqu’à faire des paroles des
chansons de véritables
diatribes contre les téléchargeurs.
Le second, quant à lui, prend la mesure des choses et
en tire les conséquences tout en dessinant des voies possibles pour
l’avenir. Manu Chao en fait parti. Dans un éditorial accordé à
Courrier International,
le chanteur annonce sa décision d’arrêter de produire des albums et de
faire de La Radiolina son dernier CD à sortir sur le marché. "Je
n’arrêterai pas la musique" rassure-t-il, "mais, vu l’évolution
technologique, peut-être que, par la suite, dès que j’aurai une
nouvelle chanson, je la mettrai en ligne."

La Radiolina, qui veut dire "La petite radio" en espagnol, est
emblématique du concept qu’il souhaite développer dans le futur. En
effet, l’album devrait se voir élargir de nouveaux titres qui
apparaîtront au fur et à mesure sur le site Web dédié. "J’utiliserai
mon site Internet comme une station de radio. [...] L’idée, c’est de
continuer d’envoyer des cartes postales sonores sur mon site, de mettre
les chansons les unes derrière les autres sans penser systématiquement
“album”."
Bref, La Radiolina marque la fin d’une époque et le
début d’un nouveau rapport à la musique que le chanteur considère comme
inévitable. "Les grandes maisons de disques sont en difficulté, c’est
un peu la fin des dinosaures" concède-t-il, pendant que "d’autres
industries, notamment celles qui fabriquent les lecteurs MP3,
engrangent les bénéfices. Les uns perdent, les autres gagnent. Et nous,
chanteurs, devons trouver notre place pour continuer."
Alors plutôt que de jeter la pierre aux téléchargeurs -
avouant même avoir eu pendant son adolescence 90 % de sa discographie
"piratée" - Manu Chao esquisse deux optiques de développement pour
l’avenir de la musique : Internet et les concerts. "Ceux qui se
défendent sur les planches s’en sortiront mieux que ceux qui dépendent
du studio ou qui ne sont pas à l’aise en direct".
Le modèle (ou les modèles) économique pour l’industrie
musicale par rapport à Internet n’est pas encore défini. Certains le
voient comme une simple évolution de support après le CD, d’autres
comme un élément avant tout promotionnel destiné à alimenter un autre
secteur qui marche très bien, celui du spectacle vivant.
Manu Chao, lui, ne prétend pas avoir trouvé la solution
idéale mais tente de s’adapter. Son passé de ’pirateur" et la
conscience qu’il a de la quasi-impossibilité pour les adolescents de
satisfaire les exigences pécuniaires de l’industrie du disque l’ont-ils
aidé à avoir une vision plus lucide du marché ?
Il faut en tout cas noter que le chanteur partage non
seulement un discours que l’on retrouve souvent dans la bouche des
pirateurs mêmes - "Nous n’avions pas assez d’argent pour acheter de la
musique, mais nous avions envie d’en écouter." - mais aussi l’éthique
que ceux peuvent parfois montrer : "Que les gens piratent les “gros”
comme moi, ça ne me gêne pas. Mais qu’ils fassent l’effort d’acheter la
musique des petits labels".
source:
http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=51206Et vous ?.....Vous en pensez quoi ?